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==== 2.2 D’autres pratiques : pratique-cible et pratique-source ====
==== 2.2 D’autres pratiques : pratique-cible et pratique-source ====
Le savoir est également déterminé par :
* une '''pratique-cible''' : la pratique du métier vers lequel tendent les études.
* une '''pratique-source''' : la pratique dont émerge le savoir, qui le crée - donc les laboratoires de recherche mais aussi les endroits où se pratiquent / se font la médecine, le droit, les arts, etc.


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==== 2.3. Apports didactiques ====
==== 2.3. Apports didactiques ====
Les auteurs mobilisent également des concepts issus de la didactique comme la [[transposition didactique]] / [[didactisation]], le [[contrat didactique]], la [[dévolution]] ou encore la [[problématisation]], et s'interrogent également sur certaines de leurs relations (par ex la didactisation est-elle compatible avec la problématisation ?).




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=== 3. MÉTHODOLOGIE ===
=== 3. MÉTHODOLOGIE ===


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* Echantillon de 12 enseignements constitué de façon à varier les disciplines, les types d'établissements (université ou hautes écoles) et le niveau d'études.
==== 3.1 Echantillon ====
* Observation en classe en duo novice-expert : un chercheur de la discipline du cours observé, un non expert
* Suivi d'au moins 5 séances de cours, si possible incluant première et dernier cours
* Entretiens avec les enseignants
* Entretiens occasionnels avec les étudiants
* Rédaction de monographies pour chaque cas
 


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==== 3.2 Les étapes dans l’étude des enseignements ====


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==== 3.3 Caractéristiques de la démarche collégiale adoptée ====


=== 4. LA NATURE DES SAVOIRS ENSEIGNÉS ===


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* Grande variabilité des savoirs enseignés même à l'intérieur d'une même discipline.
=== 4. LA NATURE DES SAVOIRS ENSEIGNES ===
* Les savoirs enseignés ne se confondent pas avec les savoirs scientifiques, ils résultent d'un grand nombre de contraintes de natures diverses.




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==== 4.1 Le savoir enseigné est une pratique ====
==== 4.1 Le savoir enseigné est une pratique ====
* Les savoirs enseignés résultent d'un faisceau de contraintes.
* Invariables : un dispositif de rencontres, une "parole longue" (voir 4.2) et un contrat plus ou moins implicite ([[contrat didactique]]).
* Le dispositif de rencontres apporte son lot de contraintes spatio-temporelles : taille du local, etc.


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==== 4.2 La forme textuelle ====
==== 4.2 La forme textuelle ====
* Selon les auteurs, contrairement à la "parole" ordinaire qui tire son sens verticalement du rapport au réel, le discours de l'enseignant est un "texte" qui tire son sens horizontalement des autres énoncés du texte : "Les termes mêmes qui sont utilisés dans le texte prennent leur sens de leur différence mutuelle et des relations qui s'établissent entre eux au sein même du texte" (p. 10).
* Deux contraintes en résultent :
** une partie du texte est nécessairement implicite, et l'enseignant doit calibrer cet implicite;
** il y a toujours une certaine circularité des références, A ne peut être compris que par B et B par A -> par quoi commence l'enseignant ?
* Stratégies pour répondre à ces contraintes :
** Réintroduire un lien avec le réel, la vie quotidienne, avec le risque de parallèles approximatifs.
** Choisir soigneusement l'ordre pour essayer le plus possible d'éviter de faire référence aux concepts qui viendront plus tard (mais pas tjrs possible).
** Commenter son "texte", produire un discours sur le texte (méta).
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==== 4.3 La pratique source ====
* = la "pratique de recherche, celle qui produit le savoir"
* L'enseignant doit s'y référer pour 2 raisons :
** L'articulation [[recherche]]-enseignement la marque de l'université.
** Il ne s'agit pas seulement d'énoncer des résultats, mais aussi de dire pourquoi ils sont "vrais", donc forcément de parler de la démarche de recherche.
* Comment faire entrer les étudiants dans une pratique de recherche ? Deux extrêmes :
** L'immersion dans la pratique, ex le mémoire/TFE.
** Didactiser, utiliser un discours sur la pratique pour faire connaître la pratique elle-même (ce qui a évidemment une série de limites : caractère séquentiel du texte vs simultanéité de l'expérience concrète, abstraction de tout contexte / des circonstances, etc.)
* Dans le cas 2, il faut au moins que l'étudiant "se trouve analogiquement dans la situation d'interrogation qui est celle du chercheur", qu'ils s'approprient la démarche ([[dévolution]]). Cela passe souvent par la [[problématisation]].
* Le fait que l'étudiant ne soit pas confronté directement à la pratique, mais à un texte sur la pratique, pose également un souci en termes de [[contrat didactique]] : on lui demande "de faire preuve d'une compétence dans une pratique à laquelle la seule fréquentation du texte ne l'a pas entraîné".
* Pour répondre à cette difficulté l'enseignant peut :
** Rester évasif sur ses exigences.
** Inciter les étudiants à développer les compétences en dehors du cours (lectures personnelles etc.)
** Réduire les exigences de l'examen au "texte"
** Proposer à l'examen des problèmes "simplifiés".
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==== 4.3 La pratique source ====


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==== 4.4 La pratique cible ====
==== 4.4 La pratique cible ====
* = "la pratique professionnelle sur laquelle est censée déboucher le cursus".
* Parfois (en BA1 par ex) cette pratique cible peut être simplement de préparer les étudiants à la poursuite de leurs études.
* En ce qui concerne la '''pratique-cible profession''' :
** Les recettes ne suffisent pas, car les situations professionnelles sont généralement complexes/inédites. Il faut donc former "à l'exercice du regard et du jugement". Pour cela le texte ne suffit à nouveau pas.
** L'immersion est une piste (cf. [[stage]]s).
** Les activités d'apprentissage proches des situations professionnelles en sont une autre.
* En ce qui concerne la '''pratique-cible études''' :
** La plus grande contrainte est ici le fait que cette pratique-cible là est généralement vague, on ne sait pas exactement ce qui est attendu.


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==== 4.5 Le cas des cours parvenant à référer et à la pratique-cible et à la pratique-source ====
==== 4.5 Le cas des cours parvenant à référer et à la pratique-cible et à la pratique-source ====
* Deux cours de l'échantillon parviennent à se référer à la fois à la p. cible et à la pratique source, par ex un cours de philo où cible et source se confondent.


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=== 5. Conclusions ===
=== 5. Conclusions ===
* Conclusion principale : il n'existe pas de savoir stable qui préexisterait à sa transmission. Il n'y a pas Savoir écrit dans un grand livre qui préexisterait au "texte" de l'enseignant. Ce texte est pris dans une pratique, déterminé par une série de contraintes.
* "Le savoir enseigné dans le supérieur, c'est donc la pratique de transmission à des étudiants d'une pratique de recherche ou d'une pratique professionnelle". (p. 18)
* La transmission d'une pratique professionnelle n'est pas propre aux Hautes Ecoles, elle est présente à l'université aussi.
* Le fait que le "texte" tente de transmettre une pratique est porteur de difficultés : un texte ne peut seul rendre compétent en une pratique. Le contrat didactique est quasi par essence violé.

Dernière version du 20 mars 2017 à 17:10


Les caractéristiques des savoirs enseignés dans les universités et les hautes écoles

1. Références

  • Référence complète APA : Rey, B., Caffieaux, C., Compère, D., Lammé, A., Persenaire, E., Philippe, J., & Wallenborn, G. (2004). Les caractéristiques des savoirs enseignés dans les universités et les hautes écoles. Le point sur la recherche en éducation (revue du Ministère de la Communauté française, service du pilotage de l'enseignement), 29.


2. Copies

  • Copie physique :


3. Mots-clés



4. Abstract


5. Résumé (facultatif)

Article de synthèse tiré du rapport de recherche Caffieaux Compère et al 2003



1. INTRODUCTION : LE PROBLÈME DE L’ÉCHEC ET LA NATURE DES SAVOIRS ENSEIGNÉS

"Le problème de l’échec à l’université et dans les hautes écoles a déjà fait l’objet de nombreuses études dans le cadre du champ de la recherche en éducation. (...) Par rapport à ces tentatives, le champ de recherche que nous avons developpé part de l’hypothèse que, pour aider les étudiants, il est nécessaire d’étudier leur rapport avec les savoirs singuliers en jeu lors de leurs situations d’apprentissage ; ainsi également que les rapports entretenus avec le savoir par les professeurs. (...) Nous posons ainsi l’hypothèse que, parallèlement aux difficultés plus spécifiquement inhérentes à l’étudiant ainsi qu’à celles liées aux enseignants et à l’institution, une part de difficulté puisse naître de la nature même des savoirs enseignés."


2. CADRAGE THEORIQUE


2.1 Les savoirs enseignés envisagés en termes de « pratique » et de « contrainte »

"...on ne peut pas concevoir les savoirs scientifiques indépendamment d’une étude sur la pratique des chercheurs, pratique qui doit tenir compte d’une multiplicité de contraintes (matérielles, financières, institutionnelles, épistémologiques, techniques, etc.)"

"Notre hypothèse était donc que l’analyse des cours en termes de pratiques et de contraintes pourrait nous éclairer ; que le savoir enseigné trahirait une série de contraintes ayant une incidence sur sa forme même."

"nous pouvons néanmoins présumer qu’un savoir enseigné dans lequel les différentes contraintes ne s’agenceront pas de manière cohérente risque de poser des problèmes aux étudiants dans la réappropriation qu’ils pourront s’en faire"



2.2 D’autres pratiques : pratique-cible et pratique-source

Le savoir est également déterminé par :

  • une pratique-cible : la pratique du métier vers lequel tendent les études.
  • une pratique-source : la pratique dont émerge le savoir, qui le crée - donc les laboratoires de recherche mais aussi les endroits où se pratiquent / se font la médecine, le droit, les arts, etc.


2.3. Apports didactiques

Les auteurs mobilisent également des concepts issus de la didactique comme la transposition didactique / didactisation, le contrat didactique, la dévolution ou encore la problématisation, et s'interrogent également sur certaines de leurs relations (par ex la didactisation est-elle compatible avec la problématisation ?).



3. MÉTHODOLOGIE

  • Echantillon de 12 enseignements constitué de façon à varier les disciplines, les types d'établissements (université ou hautes écoles) et le niveau d'études.
  • Observation en classe en duo novice-expert : un chercheur de la discipline du cours observé, un non expert
  • Suivi d'au moins 5 séances de cours, si possible incluant première et dernier cours
  • Entretiens avec les enseignants
  • Entretiens occasionnels avec les étudiants
  • Rédaction de monographies pour chaque cas



4. LA NATURE DES SAVOIRS ENSEIGNÉS

  • Grande variabilité des savoirs enseignés même à l'intérieur d'une même discipline.
  • Les savoirs enseignés ne se confondent pas avec les savoirs scientifiques, ils résultent d'un grand nombre de contraintes de natures diverses.



4.1 Le savoir enseigné est une pratique

  • Les savoirs enseignés résultent d'un faisceau de contraintes.
  • Invariables : un dispositif de rencontres, une "parole longue" (voir 4.2) et un contrat plus ou moins implicite (contrat didactique).
  • Le dispositif de rencontres apporte son lot de contraintes spatio-temporelles : taille du local, etc.


4.2 La forme textuelle

  • Selon les auteurs, contrairement à la "parole" ordinaire qui tire son sens verticalement du rapport au réel, le discours de l'enseignant est un "texte" qui tire son sens horizontalement des autres énoncés du texte : "Les termes mêmes qui sont utilisés dans le texte prennent leur sens de leur différence mutuelle et des relations qui s'établissent entre eux au sein même du texte" (p. 10).
  • Deux contraintes en résultent :
    • une partie du texte est nécessairement implicite, et l'enseignant doit calibrer cet implicite;
    • il y a toujours une certaine circularité des références, A ne peut être compris que par B et B par A -> par quoi commence l'enseignant ?
  • Stratégies pour répondre à ces contraintes :
    • Réintroduire un lien avec le réel, la vie quotidienne, avec le risque de parallèles approximatifs.
    • Choisir soigneusement l'ordre pour essayer le plus possible d'éviter de faire référence aux concepts qui viendront plus tard (mais pas tjrs possible).
    • Commenter son "texte", produire un discours sur le texte (méta).


4.3 La pratique source

  • = la "pratique de recherche, celle qui produit le savoir"
  • L'enseignant doit s'y référer pour 2 raisons :
    • L'articulation recherche-enseignement la marque de l'université.
    • Il ne s'agit pas seulement d'énoncer des résultats, mais aussi de dire pourquoi ils sont "vrais", donc forcément de parler de la démarche de recherche.
  • Comment faire entrer les étudiants dans une pratique de recherche ? Deux extrêmes :
    • L'immersion dans la pratique, ex le mémoire/TFE.
    • Didactiser, utiliser un discours sur la pratique pour faire connaître la pratique elle-même (ce qui a évidemment une série de limites : caractère séquentiel du texte vs simultanéité de l'expérience concrète, abstraction de tout contexte / des circonstances, etc.)
  • Dans le cas 2, il faut au moins que l'étudiant "se trouve analogiquement dans la situation d'interrogation qui est celle du chercheur", qu'ils s'approprient la démarche (dévolution). Cela passe souvent par la problématisation.
  • Le fait que l'étudiant ne soit pas confronté directement à la pratique, mais à un texte sur la pratique, pose également un souci en termes de contrat didactique : on lui demande "de faire preuve d'une compétence dans une pratique à laquelle la seule fréquentation du texte ne l'a pas entraîné".
  • Pour répondre à cette difficulté l'enseignant peut :
    • Rester évasif sur ses exigences.
    • Inciter les étudiants à développer les compétences en dehors du cours (lectures personnelles etc.)
    • Réduire les exigences de l'examen au "texte"
    • Proposer à l'examen des problèmes "simplifiés".


4.4 La pratique cible

  • = "la pratique professionnelle sur laquelle est censée déboucher le cursus".
  • Parfois (en BA1 par ex) cette pratique cible peut être simplement de préparer les étudiants à la poursuite de leurs études.
  • En ce qui concerne la pratique-cible profession :
    • Les recettes ne suffisent pas, car les situations professionnelles sont généralement complexes/inédites. Il faut donc former "à l'exercice du regard et du jugement". Pour cela le texte ne suffit à nouveau pas.
    • L'immersion est une piste (cf. stages).
    • Les activités d'apprentissage proches des situations professionnelles en sont une autre.
  • En ce qui concerne la pratique-cible études :
    • La plus grande contrainte est ici le fait que cette pratique-cible là est généralement vague, on ne sait pas exactement ce qui est attendu.


4.5 Le cas des cours parvenant à référer et à la pratique-cible et à la pratique-source

  • Deux cours de l'échantillon parviennent à se référer à la fois à la p. cible et à la pratique source, par ex un cours de philo où cible et source se confondent.


5. Conclusions

  • Conclusion principale : il n'existe pas de savoir stable qui préexisterait à sa transmission. Il n'y a pas Savoir écrit dans un grand livre qui préexisterait au "texte" de l'enseignant. Ce texte est pris dans une pratique, déterminé par une série de contraintes.
  • "Le savoir enseigné dans le supérieur, c'est donc la pratique de transmission à des étudiants d'une pratique de recherche ou d'une pratique professionnelle". (p. 18)
  • La transmission d'une pratique professionnelle n'est pas propre aux Hautes Ecoles, elle est présente à l'université aussi.
  • Le fait que le "texte" tente de transmettre une pratique est porteur de difficultés : un texte ne peut seul rendre compétent en une pratique. Le contrat didactique est quasi par essence violé.