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==== Les fins et les moyens ====
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* Dans les discours comme dans l'expérience, l'u. est passée de "la question politique des fins (finalités, raisons d’être) à la question pratique des moyens." "on n’a plus discuté des finalités de l’université depuis longtemps". Lors des débats qui ont accompagné la mise au point du décret Paysage du ministre Marcourt, des groupes de travail ont abordé des questions comme l’accès aux études ou le service à la société, mais il ne s’est pas trouvé de temps à consacrer à la discussion de ce à quoi sert un système d’enseignement supérieur aujourd’hui, ni à l’évaluation ou à l’actualisation de ses missions. C’est supposé connu."


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==== La standardisation culturelle ====
==== La standardisation culturelle ====
* "Les contraintes économiques, éducatives et politiques qui pèsent aujourd’hui sur les universités pourraient contribuer à y renforcer cette définition de l’action qui domine dans nos sociétés, à savoir la rationalité instrumentale. C’est-à-dire la recherche de l’efficacité et de la rationalité qui serait coupée de leurs fins culturelles. Ces facteurs sont porteurs d’un risque considérable : la banalisation ou la
standardisation culturelle de l’université."




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=== F. Conclusions ===
=== F. Conclusions ===


* "Elles [les u.] ont vécu et vivent de nombreuses difficultés, mais, nos universités ne sont certainement pas des échecs."
* Une "clarification de son offre éducative" serait bienvenue, les u. ne peuvent tout faire
* "L’université constitue un espace nécessairement pluriel où coexistent légitimement divers paradigmes scientifiques."
* Il faut pouvoir allier efficacité et responsabilité "(c’est-à-dire notre manière de choisir et de définir notre réponse)."
* Les u. "ont besoin d’un grand récit qui les mobilise." "On pourrait proposer aux universités comme mythe mobilisateur ou comme utopie d’être autre chose ou plus que les instruments de l’économie de la connaissance, même si c’est important." La dimension européenne (les u. étant nées en Europe) serait une piste : les U. pourraient être les "instruments privilégiés de construction de la société européenne en voie de constitution."
* Plutôt que d'exacerber la concurrence, il faudrait penser comme un système l'ens supérieur de la Communauté française.


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== 6. Voir aussi ==
== 6. Voir aussi ==

Dernière version du 27 février 2019 à 16:03


Titre

1. Références

  • Référence complète APA : Molitor, M. (2019). L’université aux risques de l’économie de la connaissance, ou quelles finalités pour l’université aujourd’hui ? Cahier de Recherche du Girsef n° 114.


  • Revue :



2. Copies

  • Copie physique :



3. Mots-clés



4. Abstract


5. Résumé (facultatif)

  • Un essai intéressant et nuancé des évolutions de l'université et de ses enjeux.
  • La présentation par Miguel Souto Lopez constitue également une synthèse utile de la structure de l'enseignement supérieur en Belgique francophone.



A. Introduction : questions de départ

  • Malgré deux réformes importantes (décret Bologne de 2004 et décret Paysage de 2013), "la question de la nature de l’université et de son rôle n’a été que très rarement ou indirectement abordée, la réponse à cette interrogation étant supposée connue et ne mériter que peu de commentaires"
  • Question de départ : "Dans le contexte contemporain de l’économie de la connaissance, l’université n’est-elle pas en train de se transformer en profondeur ?"


B. L’université à l’agenda : on en parle beaucoup

  • "L’enseignement supérieur est donc aujourd’hui un thème à la mode. (...) Divers lobbies et think tanks proposent des orientations."
  • Deux grandes vagues de massification (années soixante et tournant du siècle) ont mis l'université à l'agenda.
  • Les publications prenant l'université comme objet se sont multipliées; selon l'auteur, à côté de la littérature managériale, le "travail analytique et critique doit être poussé plus avant".


C. L’université dans l’histoire : comprendre l’université en connaissant son évolution

  • Intérêt du détour par l'histoire : "’l'université d’aujourd’hui est le fruit de sédimentations historiques successives."
  • S'arrête sur 2 moments : Moyen Age et 19eS.


Aux origines : l’université médiévale

  • Naissance de l'u en Europe aux 12e et 13é siècles.
  • Selon Jacques Verger :
    • "Elles sont nées d’une double mutation. Institutionnelle tout d’abord, avec la capacité nouvelle d’organiser un enseignement qui va négocier son autonomie par rapport aux pouvoirs civils et religieux. Mentale ensuite parce qu’on va ouvrir la discussion et la recherche intellectuelle sur une série de débats difficiles comme les relations entre la révélation chrétienne et la raison"
    • "Les universités donnent naissance à un milieu original et inédit : des enseignants, des enseignés, des intellectuels, etc."
    • "Le contrôle des universités a constitué assez tôt un enjeu pour les autorités."
    • "Les universités ont exercé une influence culturelle majeure et ont contribué à la constitution des élites intellectuelles européennes."


La naissance de l’université moderne

  • Le 19e, 2e âge d'or de l'université, en une époque caractérisée par une triple révolution : démocratique, industrielle et scientifique
  • En France, "Les universités, réduites à des regroupements de Facultés, directement dépendantes de l’État, assurent essentiellement l’enseignement et des formations professionnelles dans certains domaines, comme la médecine ou le droit." La recherche relève des Grandes Ecoles
  • 1817 : création de l’Université de Berlin à l’initiative de Wilhelm Von Humboldt
  • Aux EU, les premières u au sens moderne apparaissent sous l'inspiration du modèle allemand; "A côté des filières traditionnelles d’enseignement, certaines universités développent des formules nouvelles, telles les Business Schools. La recherche universitaire se développe rapidement,

aidée par le soutien de grandes fondations issues du monde industriel. De ce processus, émerge un type fort et inédit d’universités étroitement articulées aux besoins de la société américaine.


La « Multiversity »

  • 2e moitié du 20s, naissance de ce que Clark Kerr (1967) a nommé la Multiversity, "une organisation complexe et diversifiée qui, outre les fonctions de base d’enseignement et de recherche, assume une série d’autres prestations, économiques, culturelles ou de service divers." Ce n'est plus l'enseignement ou la recherche qui assurent la cohésion, mais la gestion, le gouvernement.
  • En résumé, comme le dit le sociologue canadien Michel Freitag, tout se passe comme si l’intérêt s’était déplacé de l’université « institution » (c’est-à-dire l’université définie à partir de ses finalités, de ses raisons d’être) vers l’université « organisation » (définie à partir de ses programmes de travail, de son fonctionnement, de ses moyens)" (Freitag, 1995).


D. L’université contemporaine


La mission de recherche

4 remarques :

  • Les universités n’ont pas le monopole de la recherche : le budget du CERN par exemple dépasse celui du budget de l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles; le budget des laboratoires pharmaceutiques Abbot aux USA est le double (83.000 employés!)... Côté utilisation des budgets, les entreprises US utilisent 70% du budget dédié à la recherche, les universités 13,6%. En Allemagne, 68% pour l’entreprise et 17% pour l’enseignement supérieur. Chiffres similaires pour France et Royaume Uni.
  • La spécificité de la recherche universitaire :
    • les U ne pratiquent pas que la recherche fondamentale, "sans utilité pratique immédiate", mais celle-ci doit être préservée. Selon Freitag, la recherche « est une activité intellectuelle libre orientée vers la recherche critique de la vérité et la construction d’une synthèse rationnelle des connaissances » (Freitag, 1995:29)
    • "A l’université, il est possible d’articuler la recherche à une interrogation sur le sens."
    • "Enfin, à l’université, il est important de multiplier les interpellations entre secteurs de la connaissance"
  • La compétition comme facteur d’orientation de la recherche : la pression des rankings.
  • La profession académique : "Dans les universités contemporaines, les personnes partagent deux univers de référence : l’université qui les a engagées (leur milieu de travail pratique) et la discipline scientifique ou le segment de discipline dans lequel ils s’inscrivent." L’univers de la discipline scientifique, souvent internationale, dépasse l’université. C'est elle qui produit le maximum de gratification et de reconnaissance professionnelle. Dès lors cette appartenance prend le pas "l’appartenance à l’université et à ses tâches de base, au premier rang desquelles l’enseignement"


Enseignement, formation, éducation

  • L'université de masse : l'université est aujourd'hui une u. de masse, c'est-à-dire une "institution ouverte à une fraction importante d’une classe d’âge". Certains pays y répondent par une sélectivité accrue, d'autres sont au contraire non sélectifs.... "il faut assumer les conséquences de ces options".
  • L'accréditation sociale : "l’enseignement supérieur (...) est un des facteurs clés de l’accès à la réussite sociale". "Mais, la présence de nouveaux publics à l’université, les incertitudes liées au marché du travail et les exigences du secteur des milieux professionnels sont à l’origine de la croissance d’une demande de formation directement professionnalisante." Cette "pression vers l’acquisition immédiate de compétences pratiques [qui] peut être contradictoire avec une formation scientifique de qualité." "Depuis son origine, l’université forme des professionnels -médecins, ingénieurs, juristes, enseignants, mais elle n’est vraiment une université que lorsqu’elle ne conçoit cette formation qu’à travers une éducation scientifique et culturelle large et ouverte dont l’objectif est de permettre aux étudiants, non seulement de dominer la pratique professionnelle, mais encore de l’inventer (Rémond, 1979).
  • L'éducation : "l’université est un lieu de formation, mais aussi et avant tout de construction de la personnalité." On ne forme et on n'éduque plus comme dans le passé. "Il y a là une opportunité considérable pour innover, mais il y a encore des réticences voire des manques d’imagination ou d’audace qui empêchent de faire le pas."
  • En conclusion : "la finalité ou la justification des dispositifs éducatifs à l’université, plus que de former un individu à assumer un rôle social, devrait plutôt être de lui apprendre à construire sa vie dans un contexte où il devra agir avec responsabilité, ce qui est très différent".


Le management ou la gestion

  • La complexification des structures :
    • dans le passé, nos universités avaient des structures simples et artisanales; exemple de l'UCL en 1959, "degré zéro de l’organisation"... "La corporation des professeurs occupait le centre du système. Du cœur du centre, émergeait une figure éminente, le recteur (...) Autour de ce centre, des appendices peu complexes constituaient les services administratifs ou logistiques de l’université."
    • "La croissance de l’organisation, la complexification des tâches de l’université, mais aussi la prodigieuse irruption d’outils nouveaux (tel l’informatique) sont à l’origine du développement d’une administration ou, plus exactement, d’une technostructure composée d’une pluralité de fonctions et de métiers nouveaux"
    • L'évolution des structures date de la fin des années 60. Cf. Jadot « l’évolution des méthodes de gouvernement fut à l'UCL, dès 1962, mais clairement à partir de 1970, réellement phénoménale » (Jadot, 2017, p. 247). Cette évolution résulte à la fois d'une recherche d'efficacité et d'un phénomène d'imitation / benchmarking.
  • L’accent singulier des logiques économiques : l’université managériale : le manque de financement public pousse à la "création de fonctions nouvelles qui n’ont a priori rien à voir avec les missions traditionnelles de l’université". La création d'agences et de structures qualité "contribuent sensiblement au développement d’une culture de la performance et d’un certain économicisme
  • Le pilotage et le gouvernement :
    • Dans le passé, l’image d’une confédération de républiques académiques était sans doute la plus proche de la réalité. Des républiques entretenant des liens assez lâches et coiffées par une autorité relativement lointaine, rectorat ou présidence aux fonctions largement représentatives. Dans cet univers, les positions dominantes étaient occupées par les professeurs, notables érudits, qui se considéraient comme les propriétaires légitimes de l’université et retiraient de cette qualité une honorabilité sereine."
    • "Cette époque est révolue. Les universités contemporaines se caractérisent par une diversification sensible entre un gouvernement (rectorat et présidence), un système politique (conseils et mécanismes de représentation) et une technostructure (l’administration et ses composantes)."
    • "D'une manière générale, le gouvernement des universités a dû se renforcer."
    • "les universités ne sont plus composées aujourd'hui d’enseignants ou de chercheurs égaux devant les missions de l’institution". "le pouvoir proprement politique, c’est-à-dire la capacité de peser sur les orientations de l’institution, est confiée à certains pour un temps donné par le mécanisme du mandat."


E. L’université contemporaine (sic)


Les fins et les moyens

  • Dans les discours comme dans l'expérience, l'u. est passée de "la question politique des fins (finalités, raisons d’être) à la question pratique des moyens." "on n’a plus discuté des finalités de l’université depuis longtemps". Lors des débats qui ont accompagné la mise au point du décret Paysage du ministre Marcourt, des groupes de travail ont abordé des questions comme l’accès aux études ou le service à la société, mais il ne s’est pas trouvé de temps à consacrer à la discussion de ce à quoi sert un système d’enseignement supérieur aujourd’hui, ni à l’évaluation ou à l’actualisation de ses missions. C’est supposé connu."


La standardisation culturelle

  • "Les contraintes économiques, éducatives et politiques qui pèsent aujourd’hui sur les universités pourraient contribuer à y renforcer cette définition de l’action qui domine dans nos sociétés, à savoir la rationalité instrumentale. C’est-à-dire la recherche de l’efficacité et de la rationalité qui serait coupée de leurs fins culturelles. Ces facteurs sont porteurs d’un risque considérable : la banalisation ou la

standardisation culturelle de l’université."



F. Conclusions

  • "Elles [les u.] ont vécu et vivent de nombreuses difficultés, mais, nos universités ne sont certainement pas des échecs."
  • Une "clarification de son offre éducative" serait bienvenue, les u. ne peuvent tout faire
  • "L’université constitue un espace nécessairement pluriel où coexistent légitimement divers paradigmes scientifiques."
  • Il faut pouvoir allier efficacité et responsabilité "(c’est-à-dire notre manière de choisir et de définir notre réponse)."
  • Les u. "ont besoin d’un grand récit qui les mobilise." "On pourrait proposer aux universités comme mythe mobilisateur ou comme utopie d’être autre chose ou plus que les instruments de l’économie de la connaissance, même si c’est important." La dimension européenne (les u. étant nées en Europe) serait une piste : les U. pourraient être les "instruments privilégiés de construction de la société européenne en voie de constitution."
  • Plutôt que d'exacerber la concurrence, il faudrait penser comme un système l'ens supérieur de la Communauté française.


6. Voir aussi