« Frenay Noël et al 1998 » : différence entre les versions

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* Compte-rendu par [[Frédéric Lapointe]] et [[Huguette Bernard]] : https://www.erudit.org/revue/rse/2001/v27/n1/000317ar.html?vue=resume
* Compte-rendu par [[Frédéric Lapointe]] et [[Huguette Bernard]] : https://www.erudit.org/revue/rse/2001/v27/n1/000317ar.html?vue=resume


"En toile de fond de l’ouvrage, il y a les nouvelles exigences imposées à l’univer- sité, qu’elles proviennent de la société (qualité, efficacité) ou de ses «nouveaux» étudiants (diversité, visée de professionnalisation). Sur ce canevas, les auteurs rela- tent de récents résultats de la recherche en pédagogie universitaire et proposent des voies novatrices centrées sur l’activité de l’étudiant.
"En toile de fond de l’ouvrage, il y a les nouvelles exigences imposées à l’université, qu’elles proviennent de la société (qualité, efficacité) ou de ses «nouveaux» étudiants (diversité, visée de professionnalisation). Sur ce canevas, les auteurs relatent de récents résultats de la recherche en pédagogie universitaire et proposent des voies novatrices centrées sur l’activité de l’étudiant.


Marc Romainville signe la première partie «Entrer à l’université». Il dépeint les changements survenus sur le plan des clientèles des universités, des change- ments bien connus par ailleurs de l’observateur averti. Professionnalisation des visées de formation, massification et féminisation des clientèles sont des phénomènes communs de l’institution universitaire en Occident. Un point intéressant tout de même parmi d’autres: les professeurs d’université ont tendance à oublier que la moitié des étudiants aujourd’hui proviennent de familles où aucun des parents n’a fréquenté l’université, du moins en Belgique. Ceci est posé comme un défi de nature culturelle pour les étudiants comme pour les enseignants. Dans un deux- ième texte, Romainville discute de la pertinence de fonder une sélection à l’entrée des étudiants sur la base de la faiblesse prédictive des instruments ou des indica- teurs actuels. Il s’agit d’une contribution utile pour bousculer certaines idées reçues, mais convenons que le nœud du débat sur la sélection se situe davantage sur le ter- rain des valeurs que sur le terrain de la méthodologie.
Marc Romainville signe la première partie «Entrer à l’université». Il dépeint les changements survenus sur le plan des clientèles des universités, des changements bien connus par ailleurs de l’observateur averti. Professionnalisation des visées de formation, massification et féminisation des clientèles sont des phénomènes communs de l’institution universitaire en Occident. Un point intéressant tout de même parmi d’autres: les professeurs d’université ont tendance à oublier que la moitié des étudiants aujourd’hui proviennent de familles où aucun des parents n’a fréquenté l’université, du moins en Belgique. Ceci est posé comme un défi de nature culturelle pour les étudiants comme pour les enseignants. Dans un deuxième texte, Romainville discute de la pertinence de fonder une sélection à l’entrée des étudiants sur la base de la faiblesse prédictive des instruments ou des indicateurs actuels. Il s’agit d’une contribution utile pour bousculer certaines idées reçues, mais convenons que le nœud du débat sur la sélection se situe davantage sur le terrain des valeurs que sur le terrain de la méthodologie.


«Apprendre et réussir à l’université» qui forme la deuxième partie de l’ouvrage compte quatre articles. Mariane Frenay effectue un retour en arrière pour illustrer les différentes finalités de l’enseignement universitaire, un exercice cultu- rellement enrichissant mais qui n’appuie guère – était-ce l’objectif ? – le plaidoyer en faveur d’un accent sur le transfert des apprentissages. Romainville et Parmentier exposent ensuite différentes conceptions, orientations (approches) et stratégies d’ap- prentissage révélées, observées et étudiées par eux ou d’autres chercheurs en sciences de l’éducation, dont Säljö, Boulton-Lewis, Ramsden, Entwistle, pour n’en citer que quelques-uns. Deux points majeurs à retenir: en apprentissage, conceptions et per- formances semblent liées; la perception du contexte par l’étudiant influence sa manière d’apprendre.
«Apprendre et réussir à l’université» qui forme la deuxième partie de l’ouvrage compte quatre articles. Mariane Frenay effectue un retour en arrière pour illustrer les différentes finalités de l’enseignement universitaire, un exercice culturellement enrichissant mais qui n’appuie guère – était-ce l’objectif ? – le plaidoyer en faveur d’un accent sur le transfert des apprentissages. Romainville et Parmentier exposent ensuite différentes conceptions, orientations (approches) et stratégies d’apprentissage révélées, observées et étudiées par eux ou d’autres chercheurs en sciences de l’éducation, dont Säljö, Boulton-Lewis, Ramsden, Entwistle, pour n’en citer que quelques-uns. Deux points majeurs à retenir: en apprentissage, conceptions et performances semblent liées; la perception du contexte par l’étudiant influence sa manière d’apprendre.


Parmentier aborde par la suite la question de l’importance de la motivation, ou plutôt de l’implication de l’étudiant dans ses études et son milieu, en regard de la réussite des études. Nous résumons son propos par deux citations révéla- trices: «[...] le rôle essentiel de l’enseignant n’est plus de transmettre un savoir mais consiste avant tout à soutenir l’étudiant dans son projet de développement personnel» (p. 90) et «le lien qui s’établit entre la volonté d’apprendre de l’étu- diant et la qualité de son apprentissage est [...] plus souvent postulée que démontrée» (Idem). Enfin, Romainville soutient dans le quatrième texte que les universités ont les étudiants qu’ils méritent, c’est-à-dire que les modes d’évaluation, les curricu- lums, les méthodes d’enseignement et les conceptions présentes chez les professeurs déterminent grandement le comportement des étudiants. La typologie qu’il four- nit des conceptions des enseignants est intéressante selon lui pour soutenir une démarche formatrice d’explicitation de ces dernières par les enseignants eux-mêmes.
Parmentier aborde par la suite la question de l’importance de la motivation, ou plutôt de l’implication de l’étudiant dans ses études et son milieu, en regard de la réussite des études. Nous résumons son propos par deux citations révélatrices: «[...] le rôle essentiel de l’enseignant n’est plus de transmettre un savoir mais consiste avant tout à soutenir l’étudiant dans son projet de développement personnel» (p. 90) et «le lien qui s’établit entre la volonté d’apprendre de l’étudiant et la qualité de son apprentissage est [...] plus souvent postulée que démontrée» (Idem). Enfin, Romainville soutient dans le quatrième texte que les universités ont les étudiants qu’ils méritent, c’est-à-dire que les modes d’évaluation, les curriculums, les méthodes d’enseignement et les conceptions présentes chez les professeurs déterminent grandement le comportement des étudiants. La typologie qu’il fournit des conceptions des enseignants est intéressante selon lui pour soutenir une démarche formatrice d’explicitation de ces dernières par les enseignants eux-mêmes.


Dans la dernière partie du livre, Frenay explique plusieurs approches pédago- giques de l’enseignement universitaire visant à favoriser un apprentissage de qualité; c’est-à-dire un apprentissage transférable à des situations réelles variées. Elle expose notamment un ensemble de stratégies applicables aux grands groupes d’étudiants, tiré de Gibbs et Jenkins (1992). Noël et Romainville plaident ensuite pour l’impor- tance de l’accompagnement dans le contexte de nos universités actuelles. Ils présentent l’accompagnement sous ses différentes formes (professionnelle ou tutorat entre étudiants), ses différentes fonctions (prévention, formation, remédiation) et ses conditions de réalisation. La perspective institutionnelle est abordée par Parmentier qui, rapprochant la pédagogie universitaire de la macropédagogie de Prégent (1989), expose quatre modèles de son développement: 1) le modèle de l’ingénierie pédago- gique, curieusement restreinte à l’évaluation de l’enseignement; 2) le modèle de la recherche pédagogique; 3) le modèle de la formation pédagogique des ensei- gnants, ou plutôt les sept scénarios de De Ketele (1996); 4) le modèle du service pédagogique, pouvant s’organiser suivant différentes conceptions.
Dans la dernière partie du livre, Frenay explique plusieurs approches pédagogiques de l’enseignement universitaire visant à favoriser un apprentissage de qualité; c’est-à-dire un apprentissage transférable à des situations réelles variées. Elle expose notamment un ensemble de stratégies applicables aux grands groupes d’étudiants, tiré de Gibbs et Jenkins (1992). Noël et Romainville plaident ensuite pour l’importance de l’accompagnement dans le contexte de nos universités actuelles. Ils présentent l’accompagnement sous ses différentes formes (professionnelle ou tutorat entre étudiants), ses différentes fonctions (prévention, formation, remédiation) et ses conditions de réalisation. La perspective institutionnelle est abordée par Parmentier qui, rapprochant la pédagogie universitaire de la macropédagogie de Prégent (1989), expose quatre modèles de son développement: 1) le modèle de l’ingénierie pédagogique, curieusement restreinte à l’évaluation de l’enseignement; 2) le modèle de la recherche pédagogique; 3) le modèle de la formation pédagogique des enseignants, ou plutôt les sept scénarios de De Ketele (1996); 4) le modèle du service pédagogique, pouvant s’organiser suivant différentes conceptions.


Les auteurs ne cachent pas, en conclusion, leur parti pris pour une certaine orientation de l’enseignement universitaire, notamment la visée de l’apprentissage en profondeur et le transfert des apprentissages. Leur argumentation est principa- lement fondée sur des recherches, elle est convaincante et, plus important peut- être, plutôt accessible au professeur non spécialiste en psychopédagogie. Ce livre n’est ni un manifeste, ni une somme, ni un guide précis, mais il donnera certaine- ment une nouvelle perspective au professeur universitaire curieux ou engagé dans une réflexion sur son propre enseignement. Le chercheur en sciences de l’édu- cation qui n’aurait pas la pédagogie universitaire comme intérêt premier pourra également se trouver enrichi par cette lecture.
Les auteurs ne cachent pas, en conclusion, leur parti pris pour une certaine orientation de l’enseignement universitaire, notamment la visée de l’apprentissage en profondeur et le transfert des apprentissages. Leur argumentation est principalement fondée sur des recherches, elle est convaincante et, plus important peut-être, plutôt accessible au professeur non spécialiste en psychopédagogie. Ce livre n’est ni un manifeste, ni une somme, ni un guide précis, mais il donnera certainement une nouvelle perspective au professeur universitaire curieux ou engagé dans une réflexion sur son propre enseignement. Le chercheur en sciences de l’éducation qui n’aurait pas la pédagogie universitaire comme intérêt premier pourra également se trouver enrichi par cette lecture.


Frédéric Lapointe et Huguette Bernard Université de Montréal"
Frédéric Lapointe et Huguette Bernard Université de Montréal"


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== 7. Voir aussi ==
== 7. Voir aussi ==
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Version du 24 octobre 2018 à 16:59


L'étudiant-apprenant

Fichier:Frenay Noël et al 1998.jpg



1. Références

  • Référence complète APA : Frenay, M., Noël, B., Parmentier, P. et Romainville, M. (1998). L'étudiant-apprenant, grille de lecture pour l'enseignant universitaire. Paris/Bruxelles: De Boeck Université (Collection «Perspectives en éducation»).




2. Copies

  • Copie électronique en ligne :
  • Copie électronique locale :
  • Copie physique CP :



3. Mots-clés



4. Quart de couverture


5. Table des matières (facultatif)


6. Résumé personnel (facultatif)

"En toile de fond de l’ouvrage, il y a les nouvelles exigences imposées à l’université, qu’elles proviennent de la société (qualité, efficacité) ou de ses «nouveaux» étudiants (diversité, visée de professionnalisation). Sur ce canevas, les auteurs relatent de récents résultats de la recherche en pédagogie universitaire et proposent des voies novatrices centrées sur l’activité de l’étudiant.

Marc Romainville signe la première partie «Entrer à l’université». Il dépeint les changements survenus sur le plan des clientèles des universités, des changements bien connus par ailleurs de l’observateur averti. Professionnalisation des visées de formation, massification et féminisation des clientèles sont des phénomènes communs de l’institution universitaire en Occident. Un point intéressant tout de même parmi d’autres: les professeurs d’université ont tendance à oublier que la moitié des étudiants aujourd’hui proviennent de familles où aucun des parents n’a fréquenté l’université, du moins en Belgique. Ceci est posé comme un défi de nature culturelle pour les étudiants comme pour les enseignants. Dans un deuxième texte, Romainville discute de la pertinence de fonder une sélection à l’entrée des étudiants sur la base de la faiblesse prédictive des instruments ou des indicateurs actuels. Il s’agit d’une contribution utile pour bousculer certaines idées reçues, mais convenons que le nœud du débat sur la sélection se situe davantage sur le terrain des valeurs que sur le terrain de la méthodologie.

«Apprendre et réussir à l’université» qui forme la deuxième partie de l’ouvrage compte quatre articles. Mariane Frenay effectue un retour en arrière pour illustrer les différentes finalités de l’enseignement universitaire, un exercice culturellement enrichissant mais qui n’appuie guère – était-ce l’objectif ? – le plaidoyer en faveur d’un accent sur le transfert des apprentissages. Romainville et Parmentier exposent ensuite différentes conceptions, orientations (approches) et stratégies d’apprentissage révélées, observées et étudiées par eux ou d’autres chercheurs en sciences de l’éducation, dont Säljö, Boulton-Lewis, Ramsden, Entwistle, pour n’en citer que quelques-uns. Deux points majeurs à retenir: en apprentissage, conceptions et performances semblent liées; la perception du contexte par l’étudiant influence sa manière d’apprendre.

Parmentier aborde par la suite la question de l’importance de la motivation, ou plutôt de l’implication de l’étudiant dans ses études et son milieu, en regard de la réussite des études. Nous résumons son propos par deux citations révélatrices: «[...] le rôle essentiel de l’enseignant n’est plus de transmettre un savoir mais consiste avant tout à soutenir l’étudiant dans son projet de développement personnel» (p. 90) et «le lien qui s’établit entre la volonté d’apprendre de l’étudiant et la qualité de son apprentissage est [...] plus souvent postulée que démontrée» (Idem). Enfin, Romainville soutient dans le quatrième texte que les universités ont les étudiants qu’ils méritent, c’est-à-dire que les modes d’évaluation, les curriculums, les méthodes d’enseignement et les conceptions présentes chez les professeurs déterminent grandement le comportement des étudiants. La typologie qu’il fournit des conceptions des enseignants est intéressante selon lui pour soutenir une démarche formatrice d’explicitation de ces dernières par les enseignants eux-mêmes.

Dans la dernière partie du livre, Frenay explique plusieurs approches pédagogiques de l’enseignement universitaire visant à favoriser un apprentissage de qualité; c’est-à-dire un apprentissage transférable à des situations réelles variées. Elle expose notamment un ensemble de stratégies applicables aux grands groupes d’étudiants, tiré de Gibbs et Jenkins (1992). Noël et Romainville plaident ensuite pour l’importance de l’accompagnement dans le contexte de nos universités actuelles. Ils présentent l’accompagnement sous ses différentes formes (professionnelle ou tutorat entre étudiants), ses différentes fonctions (prévention, formation, remédiation) et ses conditions de réalisation. La perspective institutionnelle est abordée par Parmentier qui, rapprochant la pédagogie universitaire de la macropédagogie de Prégent (1989), expose quatre modèles de son développement: 1) le modèle de l’ingénierie pédagogique, curieusement restreinte à l’évaluation de l’enseignement; 2) le modèle de la recherche pédagogique; 3) le modèle de la formation pédagogique des enseignants, ou plutôt les sept scénarios de De Ketele (1996); 4) le modèle du service pédagogique, pouvant s’organiser suivant différentes conceptions.

Les auteurs ne cachent pas, en conclusion, leur parti pris pour une certaine orientation de l’enseignement universitaire, notamment la visée de l’apprentissage en profondeur et le transfert des apprentissages. Leur argumentation est principalement fondée sur des recherches, elle est convaincante et, plus important peut-être, plutôt accessible au professeur non spécialiste en psychopédagogie. Ce livre n’est ni un manifeste, ni une somme, ni un guide précis, mais il donnera certainement une nouvelle perspective au professeur universitaire curieux ou engagé dans une réflexion sur son propre enseignement. Le chercheur en sciences de l’éducation qui n’aurait pas la pédagogie universitaire comme intérêt premier pourra également se trouver enrichi par cette lecture.

Frédéric Lapointe et Huguette Bernard Université de Montréal"


7. Voir aussi